Histoire des machines

Quel fut le premier ordinateur ?


Quel fut le premier ordinateur ? La question, ainsi posée, n’a pas de réponse unique, car les critères qui caractérisent un “ordinateur” sont multiples.

  • Les circuits sont-ils électroniques (à base de tubes à vide, pour les premières machines) ou électromécaniques (à base de relais) ?
  • La machine est-elle programmable ou spécialisée pour un type d’application ?
  • Le programme est-il stocké sur un support externe ou dans la mémoire de l’ordinateur ?
  • La machine est-elle “Turing complète” ? Autrement dit, est-elle équivalente (aux limites physiques près) à une machine de Turing universelle, ou encore, en termes plus simples, peut-elle exécuter tout algorithme ?


Selon ces divers critères, on peut ainsi dresser le “palmarès” suivant (voir aussi un tableau synthétique) :

  • Le premier calculateur électronique est l'ABC (Atanasoff-Berry Computer), conçu en 1937, opérationnel en 1941, mais c'est une machine spécialisée, a fortiori non Turing-complète. Le Model-1 de George Stibitz est dans la même catégorie.
  • Le premier calculateur Turing-complet est le Zuse Z3 (1941), mais c’est une machine électromécanique, à base de relais.
  • Le premier calculateur électronique programmable est le Colossus (1944), mais il est à programme externe et n’est pas Turing-complet.
  • Le premier calculateur électronique Turing-complet est l’ENIAC (1946), mais il est à programme externe.
  • Le premier calculateur électronique Turing complet et à programme enregistré est l’EDSAC (1949). Il précède de peu le Manchester Mark-1. En fait, un programme enregistré avait été exécuté quelques mois auparavant sur le Baby, maquette de validation du Mark-1 mais qui n’était pas un calculateur complet.

Le premier ordinateur commercial produit en série est le Ferranti Mark-1 (1951), dérivé du Manchester Mark-1. Il précède de peu l’UNIVAC-1 de Remington Rand, descendant de l’ENIAC via l’EDVAC. Mais deux ordinateurs construits en exemplaire unique, le BINAC (1949) et le Zuse Z4 (1950) avaient auparavant été livrés commercialement.

L’appréciation du poids de l’antériorité comporte une part de subjectivité. Ainsi, un juge américain a dénié à l’ENIAC la place de premier calculateur électronique au profit de l’ABC, alors qu’on peut estimer que ce dernier a eu un bien moindre impact sur le développement ultérieur de l’informatique.