L’informatique à Grenoble

Tout commence par le calcul

Jean Kuntzmann

Jean Kuntzmann
(1912-1992)


L'histoire de l'informatique à Grenoble commence avec l'arrivée du professeur Jean Kuntzmann en 1945. Sollicité par Félix Esclangon, directeur de l'Institut Polytechnique de Grenoble (École d'ingénieurs rattachée à l'université), il met en place un enseignement de mathématiques à l'usage des ingénieurs. Sensibilisé aux besoins en calcul numérique par ses contacts industriels (Neyrpic, Merlin Gerin), il crée en 1951 un Laboratoire de calcul qui tirera une grande partie de ses ressources de contrats avec l'industrie (son intitulé précise : "Laboratoire d'essai ouvert aux applications industrielles"). Ce laboratoire est implanté dans les combles de l'Institut Polytechnique, avenue Félix Viallet, au centre de Grenoble.

Initialement équipé de calculatrices mécaniques et électromécaniques, le Laboratoire de calcul acquiert en 1952 un calculateur analogique, l'OME 12 de la SEA (Société d'Électronique appliquée à l'Automatisme), grâce à ses contacts avec le ministère de l'Air.

À la recherche d'un bug ?À partir de 1956, le Laboratoire de calcul, qui a recruté un ingénieur, Louis Bolliet, se tourne vers l'informatique, en utilisant initialement les ordinateurs de ses partenaires industriels (Gamma 3 de Normacem à Lyon, puis IBM 650 de la Sogreah à Grenoble). En 1957, le Laboratoire obtient une dotation pour l'achat d'un ordinateur : ce sera le Bull Gamma ET (extension tambour).
                    [ci contre, de gauche à droite : Collard (étudiant), Bolliet, Kuntzmann, vers 1958]

Parallèlement, les automaticiens, sous la conduite du professeur René Perret, développent une activité, également soutenue par des contacts industriels, qui conduira à la construction des premiers ordinateurs de commande de procédés. Mais la collaboration entre informatique et automatique ne s'établira pas, malgré un intérêt mutuel et des contacts suivis en 1959-1960. Cette scission initiale marquera durablement le paysage scientifique et industriel grenoblois.



Laboratoire de calcul

Au début des années 1960, le Laboratoire de calcul entame une activité de recherche en informatique. Les premiers doctorants sont issus des premières promotions de la nouvelle école d'ingénieurs créée par Kuntzmann, et qui deviendra l'ENSIMAG (voir la page formation).

Les années 1963-64 marquent une étape importante : premières thèses d'informatique, installation sur le nouveau campus (dont l'informatique sera le premier occupant), acquisition d'un puissant ordinateur, l'IBM 7044. Le Laboratoire de calcul devient un institut de recherche, l'IMAG (Institut de Mathématiques Appliquées de Grenoble), qui sera en 1966 l'un des premiers laboratoires associés au CNRS. L'exploitation des ressources informatiques est dévolue à un prestataire de services, le centre de calcul, futur CICG (Centre interuniversitaire de calcul de Grenoble). Cette organisation restera en place jusqu'aux années 1980.

Source : Louis Bolliet, Témoignage sur les premières années de l'IMAG.