L’informatique à Grenoble

Les débuts de la recherche en informatique


La recherche commence dès la création du Laboratoire de calcul. En effet, les nombreuses applications traitées par le laboratoire nécessitent de perfectionner les méthodes et les outils de ce qui deviendra plus tard l'analyse numérique. Les avancées réalisées font l'objet, en 1955, des Journées alpines de calcul numérique, organisées par le Laboratoire de calcul, IBM et la Sogreah.

En 1956 commence l'activité proprement informatique, avec l'arrivée de Louis Bolliet, initialement ingénieur au Laboratoire de calcul. En 1957, Jean Kuntzmann crée l'AFCAL (Association Française de Calcul), qui deviendra plus tard l'AFCALTI, puis l'AFCET. En 1958, il crée la revue Chiffres, dont il sera le premier rédacteur en chef. Cette association et cette revue seront les premiers lieux d'échange d'information en France sur les domaines émergents de l'analyse numérique et de la programmation des ordinateurs. Le premier congrès de l'AFCAL, qui réunit 270 participants, se tiendra à Grenoble en 1960. Il attire divers spécialistes étrangers, dont Friedrich L. Bauer et  Maurice Wilkes.

Grandes figures de l'IMAG En 1957, arrive Noël Gastinel, mathématicien qui va diriger l'équipe de recherche en analyse numérique. S'intéressant de près aux techniques de l'informatique, il sera également plus tard le premier directeur du centre de calcul. En 1958 arrive Bernard Vauquois, qui s'est orienté vers l'informatique après un début de carrière dans l'astronomie. Il lance une activité autour de la traduction automatique, qui aboutira en 1959 à la création du CETA (Centre d'Études pour la Traduction Automatique) par le CNRS et la DRME (Direction des Recherches et Moyens d'Essai du ministère des Armées). Vauquois fait par ailleurs partie du comité scientifique qui définit le langage Algol 60 entre 1958 et 1961.


En 1961 démarrent des recherches dans deux domaines de l'informatique : l'algèbre de Boole, avec Kuntzmann, et la compilation des langages de programmation, avec Bolliet. Les premières thèses sont lancées, les doctorants venant des formations locales, et notamment de la section spéciale "mathématiques appliquées" de l'IPG. Suivant la pratique inaugurée par le Laboratoire de calcul, ces recherches font l'objet de nombreuses collaborations avec l'industrie.

Les années 1963-64 voient l'installation du laboratoire (devenu IMAG, Institut de Mathématiques Appliquées de Grenoble) sur le campus créé à Saint-Martin d'Hères et Gières, l'acquisition d'un ordinateur puissant, l'IBM 7044, et l'aboutissement des premières thèses en informatique :

  • Jean-Loup Baer, thèse de 3-ème cycle : "Principes de compilation de COBOL", 1963.
  • Jean Le Palmec, thèse de docteur-ingénieur : Étude d'un langage intermédiaire pour la compilation d'Algol 60, 1964
  • Jean-Claude Boussard, thèse d'État : Étude et réalisation d'un compilateur Algol 60 pour ordinateur 7040-44, 1964.

À noter que cette thèse d'État est en "sciences appliquées", la discipline Informatique n'étant pas encore officiellement reconnue (il faudra attendre 1969). Au total, cinq thèses de "sciences appliquées" seront soutenues dont, en 1967, celle de Louis Bolliet qui prendra alors un poste de professeur.

Deux colloques, tenus en 1965, sur l'enseignement de la programmation et sur l'algèbre de Boole, témoignent de la vitalité scientifique du laboratoire. Le groupe Algol WG2.1 de l'IFIP (International Federation for Information Processing) tient cette même année une réunion de travail à Saint-Pierre de Chartreuse. Algol 60 est alors à l'IMAG un thème de travail et un outil privilégié (en témoigne le livre de L. Bolliet, N. Gastinel et P.-J. Laurent, Un nouveau langage scientifique : Algol, Hermann 1964).

La recherche en informatique est maintenant lancée; elle va connaître un grand développement et une extension de son domaine dans les années qui suivent.