L’informatique à Grenoble
Usages de l'informatique
Les premières utilisations de l'informatique dans l'industrie ont été dans le domaine du calcul scientifique. Ainsi, à Grenoble, les premiers partenaires industriels du Laboratoire de Calcul ont été la Sogreah (bureau d'études du fabricant de turbines Neyrpic), Merlin Gerin, constructeur de matériel électrique, l'EDF, et, à Lyon, Normacem (filiale de la Compagnie Électro-Mécanique). Avant que le Laboratoire ne s'équipe, en 1958, du Gamma ET, certains de ces industriels lui ouvriront l'accès à leurs propres ordinateurs.
Avec les progrès de la modélisation et l'augmentation de la puissance des ordinateurs, ces applications scientifiques deviennent de plus en plus ambitieuses. Ainsi, en 1964-65, Sogreah, qui est avec le Centre d'Études Nucléaires de Grenoble l'un des principaux utilisateurs de calcul scientifique, travaille sur un modèle mathématique de l'estuaire de la Rance dans le cadre du projet d'usine marémotrice.
À Grenoble, à partir de la fin des années 1950, les industries locales, qui couvrent encore des domaines divers (chimie, papeterie, constructions mécaniques, appareillage électrique, lingerie, biscuiterie), commencent à utiliser l'informatique pour la facturation, la gestion de stocks, la comptabilité, la paie. À partir du début des années 1960, l'informatique investira le domaine du contrôle de procédés.
Dans l'informatique de gestion comme dans l'informatique scientifique, la compétition est alors forte en France entre Bull et IBM, les deux principaux acteurs de la mécanographie, qui ont fait leur mutation vers l'informatique. Les entreprises clientes effectuent elles-mêmes une transition progressive vers l'informatique ; mais des machines mécanographiques continuent à se vendre jusque vers le milieu des années 1960, souvent couplées avec un processeur programmable ; certaines survivront comme organes d'entrée-sortie.
Les machines emblématiques de la fin des années 1950 sont l'IBM 650 (à gauche, celui de la Sogreah) et le Bull Gamma ET (à droite), deux machines à tambour magnétique. Au début des années 1960, les deux constructeurs segmentent leur clientèle en proposant d'une part des machines destinées aux entreprises de taille moyenne (IBM 1401, Bull Gamma 30) et d'autre part des grands ensembles (IBM 705/7080, Bull Gamma 60).
À partir de 1965, la gamme des ordinateurs IBM 360, qui comporte un ensemble de machines de puissances différentes, compatibles entre elles grâce à l'usage de la microprogrammation, va capter une part importante du marché des ordinateurs de gestion.