L’informatique à Grenoble

L'automatique, moteur de l'industrie

René Perret

René Perret
(1924-2003)


En 1957, René Perret, qui vient de soutenir une thèse à l'université de Grenoble et revient d'un séjour aux États-Unis, crée un Laboratoire de Servomécanismes, rattaché à la faculté des sciences et à l'Institut polytechnique, qui deviendra en 1961 le Laboratoire d'Automatique de Grenoble (LAG). Devenu rapidement professeur, il établit dès le départ de nombreux contacts avec le monde industriel. Les contacts avec le Laboratoire de calcul (futur IMAG) de Jean Kuntzmann, créé quelques années auparavant et dans un esprit analogue, n'aboutiront pas à une collaboration, et les deux laboratoires évolueront indépendamment.

À partir de 1960, le laboratoire s'intéresse à l'utilisation des circuits à transistors pour la logique booléenne. En 1961, ces travaux trouvent une application chez la société Mors, constructeur d'automatismes à relais, pour remplacer les relais électromagnétiques par des relais statiques. En 1962, un département "automatisme et électronique" est créé au sein de la société Mors, dans les locaux de l'IPG, sous l'impulsion de Guy Jardin, ingénieur venu suivre une formation dans la section spéciale "automatique" de l'IPG, et de Michel Deguerry, qui quitte le LAG pour une carrière industrielle.

Calculateur MAT 01Son activité étant en forte croissance, ce département s'installe dans de nouveaux locaux, tout en renforçant sa collaboration avec le LAG. Les clients viennent de nombreux secteurs d'activité : pétrole, chimie, marine, énergie atomique, houillères et sidérurgie. La société conçoit une gamme de produits, dont un calculateur industriel, le MAT 01 (photo ci-contre), issu d'un travail de thèse au LAG, qui sera construit à une vingtaine d'exemplaires. C'est l'un des premiers calculateurs industriels au monde utilisant des circuits intégrés.

Est alors créée au sein de Mors, en 1965, une division "automatismes, transmission, matériel" (ATM) qui s'installera dans une nouvelle usine à Crolles, près de Grenoble.

Voir les développements ultérieurs (1965-1980).


Le cas de Mors dans les années 1960 est un exemple de collaboration fructueuse entre recherche et industrie. De nombreuses recherches du LAG sont effectuées en coopération avec Mors et une partie des thèses est réalisée sur des sites industriels. Des actions concertées tripartites associent le LAG, Mors et un client "automatisé", comme Naphtachimie.

Source : Michel Deguerry, Le cas Mors Télémécanique, La revue pour l'histoire du CNRS, février 2000.