L’informatique à Grenoble

Technologie et composants


L'industrie électronique à Grenoble connaît un démarrage lent dans les années 1950. Nous replaçons ici ses débuts dans le contexte plus large de l'histoire des composants électroniques modernes.

Cette histoire commence avec l'invention du transistor en 1947. Ce dispositif semi-conducteur va rapidement remplacer les tubes électroniques, avec une fiabilité bien plus élevée, un faible encombrement et une consommation d'énergie réduite. Dès 1950, le transistor est intégré dans des produits de grande consommation. Le premier ordinateur transistorisé est construit par les Bell Labs en 1954. Dès lors, l'emploi du transistor dans les circuits des ordinateurs va se généraliser.

Atelier COSEMEn 1955, la Compagnie Générale de Télégraphie sans fil (CSF) transforme son usine de Saint-Égrève (banlieue ouest de Grenoble), dédiée à la fabrication de tubes à vide, en une usine de production de transistors (ci-contre, vue d'un atelier). Après des déboires initiaux dus à un changement mal maîtrisé des méthodes de production, cette activité sera filialisée en 1960 sous le nom de COSEM (Compagnie générale des semi-conducteurs). En 1961-62, la COSEM détenait près de 45% du marché des semi-conducteurs en France et réalisait 30% de son chiffre d'affaires à l'exportation.
     [source : L'aventure de la CSF, fonds d'archives d'André Danzin]

En 1956, le Commissariat à l'Énergie Atomique (CEA) crée le Centre d'Études Nucléaires de Grenoble (CENG), également implanté à l'ouest de Grenoble. En 1957 est créé au CENG, sous la direction de Michel Cordelle, un service électronique dont la mission initiale est la conception, la réalisation et la maintenance de l'appareillage de commande et de mesure du réacteur nucléaire Mélusine.

En 1958, Jack Kilby invente le premier circuit intégré à base de germanium : les transistors ne sont plus des composants discrets (séparés), mais fondus dans la masse même du semi-conducteur. Quelques mois plus tard, en 1959, Robert Noyce invente le circuit intégré à base de silicium, qui deviendra la technique dominante. En France, dans les années 1960, la plus grande partie des circuits intégrés est produite dans des usines d'entreprises américaines (Texas Instruments, Motorola, IBM).

Premier circuit intéhré du CEA-LETI En 1962, le CEA décide de créer sa propre technologie des transistors et circuits intégrés afin de maîtriser l'environnement électronique des réacteurs. La mission du service électronique du CENG (futur LETI) s'élargit en conséquence. En 1963 sortent les premiers transistors et au début de 1965 le premier circuit intégré, comportant 10 transistors (photo ci-contre).

En 1965, Gordon Moore énonce sa "loi" : le nombre de transistors dans les circuits intégrés doublera environ tous les 18 mois. Plus de 40 ans après, cette loi s'applique toujours, mais on en perçoit les limites.

Voir les développements de la période 1965-1980 à Grenoble.