Histoire des machines

Le Colossus

Colossus

Tommy Flowers (1905-1998)
Image courtesy of the Computer
History Museum


Pendant la seconde guerre mondiale, Alan Turing travaillait à Bletchley Park, centre dédié au décryptage des codes secrets utilisés par l'armée allemande. Un premier succès fut le décryptage du code de la machine Enigma, tâche pour laquelle des mathématiciens polonais avaient ouvert la voie avant la guerre. Des machines appelées “Bombes” furent construites sur les plans de Turing pour accélérer ce décryptage.

En 1941, le haut commandement militaire allemand mit en service un système de chiffrement beaucoup plus raffiné que celui de l’Enigma, le code Lorenz. Ici encore, l’équipe de Turing réussit dès 1942 à décrypter ce code. Néanmoins, le décodage manuel était trop lent pour un usage opérationnel. Aussi, des machines spécialisées furent construites pour accélérer ce travail, sous la supervision de Max Newman : d’abord le Heath Robinson, puis le Colossus. Construit en l’espace de onze mois par une équipe dirigée par Thomas “Tommy” Flowers, le Colossus était une machine électronique programmable à l’aide d’un tableau de connexion. Dédié à une tâche spécialisée, il n’était pas Turing-complet. Mis en service au début de 1944, le Colossus remplit parfaitement sa fonction et dix exemplaires en furent construits en 1944-45.

Colossus (reconstruit)

Les principes de conception du Colossus, et son existence même, furent déclarés secret militaire, et  il fallut attendre 1975 pour que ce secret soit partiellement levé. À la fin de la guerre, huit des dix exemplaires du Colossus furent détruits ; les deux autres le furent en 1960. Grâce à des plans illégalement conservés, un exemplaire du Colossus a pu être reconstitué à l’initiative de Tony Sale (à droite sur la photo ci-contre) et a fonctionné pour la première fois en 1996, en présence de Tommy Flowers. Il est visible au musée historique installé à Bletchley Park.


Le Colossus (reconstruit)Le Colossus Mark-1 comportait 1 500 tubes électroniques ; le Mark-2 (juin 1944), plus rapide, en comptait 2 400. Le Colossus réalisait un modèle de la machine de Lorenz. Le message chiffré  était lu en boucle sur un ruban perforé et l’analyse statistique de certaines régularités dans les codes constituant le message permettait de déterminer le réglage de la machine et donc de décrypter le message. Le lecteur de ruban (à droite sur la photo), qui lisait 5 000 caractères par seconde, était un élément critique du Colossus.