Histoire des machines
Les machines de Manchester
En 1945, Maxwell “Max” Newman fut nommé chef du Département de mathématiques à l'université de Manchester. À Cambridge en 1935, c'est un cours de Max Newman sur les fondements des mathématiques qui avait incité Alan Turing à travailler sur la décidabilité. Pendant la guerre, Newman avait retrouvé Turing à Bletchley Park et dirigé la section où avait été construit le Colossus, machine destinée au décryptage du code secret Lorenz.
Les recherches de Newman portaient sur les mathématiques pures, mais il perçut très vite le potentiel de l'informatique et lança une activité dans ce domaine à Manchester, en recrutant Freddie Williams. Celui-ci, qui travaillait sur une mémoire à tube cathodique (le tube Williams), attira à son tour Tom Kilburn qui avait travaillé avec lui pendant la guerre sur le radar. En 1946, Williams et Kilburn lancèrent le projet de construction d'un calculateur à programme enregistré utilisant le tube Williams comme mémoire.
Ce projet, mené dans des délais remarquablement brefs, fut réalisé en trois étapes :
- En 1947-48, construction d'un mini-calculateur, le Manchester Baby, destiné à valider l'utilisation du tube Williams comme support d'un programme enregistré. Le premier programme enregistré fut exécuté en juin 1948.
- En 1948-49, construction d’un ordinateur complet, le Manchester Mark-1, qui fut opérationnel en mi-1949. Turing, qui avait rejoint Manchester en 1948, travailla sur le logiciel de base de cette machine et l'utilisa ensuite pour ses recherches.
- En 1950-51, construction, par la société Ferranti, du premier ordinateur commercial, le Ferranti Mark-1, version améliorée du Manchester Mark-1.
Dans les années suivantes, Freddie Williams s'éloigna de l'informatique pour se consacrer à l'électrotechnique, et plusieurs machines innovantes furent construites sous la direction de Tom Kilburn : l’Atlas, le Muse et le MU5. Les deux premières furent la base de réalisations industrielles chez Ferranti.