L’informatique à Grenoble

Les centres scientifiques


Les industries ont depuis longtemps cherché à exploiter les résultats de la recherche pour rester compétitives. Si les grands groupes ont souvent créé leur propre centre de recherche, ils ont également cherché à mettre en place des formes de collaboration avec les universités et les centres de recherche publics.

Les laboratoires communs sont l'un de ces instruments de collaboration. Ils ont l'avantage de faire travailler ensemble des chercheurs et des ingénieurs de l'industrie sur des projets communs et de favoriser le transfert des connaissances par la mobilité des hommes. Bien que déjà mise en œuvre dans les industries chimiques et pharmaceutiques, cette forme de collaboration était neuve en France pour une industrie informatique naissante.


La compagnie IBM, acteur majeur de l'industrie informatique, avait créé aux États-Unis, dans les années 1960, cinq "centres scientifiques" visant à établir des recherches communes avec des universités américaines. À la suite de contacts de Jean Kuntzmann et Louis Bolliet avec des responsables de la direction scientifique d'IBM France (Jacques Maisonrouge et René Moreau), il fut décidé en 1966 de créer un tel centre auprès de l'IMAG à Grenoble. Le thème de travail choisi fut l'utilisation conversationnelle des ordinateurs, sujet alors très actuel (en témoigne le projet Multics mené par le MIT en collaboration avec Bell Labs et General Electric), et qui était déjà exploré à l'IMAG.

Le centre scientifique IBM fut mis en place en 1967 et remplit sa mission, sous la direction de Jean-Jacques Duby, puis de Max Peltier et d'Alain Auroux. Néanmoins, au début des années 1970, l'existence du centre fut remise en question, en raison d'une part d'un changement de politique d'IBM vis-à-vis des centres scientifiques, d'autre part de la création à Grenoble d'un centre scientifique CII. Le centre IBM fut fermé en 1974.

Le centre scientifique CII (Compagnie Internationale pour l'Informatique) fut créé à Grenoble en 1970, dans les mêmes conditions que le centre IBM. Ses directeurs successifs furent Louis Bolliet, Jean-Pierre Verjus, Jean-Claude Chupin et Roland Balter. Il fonctionna jusqu'en 1990, date à laquelle la collaboration entre l'IMAG et le constructeur informatique national (devenu entre temps le groupe Bull), prit la forme d'une unité mixte de recherche, Bull-IMAG.