L’informatique à Grenoble
Usages de l'informatique
La période 1965-1980 voit le début de la pénétration de l'informatique dans un nombre croissant d'activités. Mais c'est encore souvent une informatique lourde, centralisée ; l'apparition de la micro-informatique au milieu des années 1970 mettra quelques années à produire ses effets dans les usages. L'informatique s'introduit dans le domaine des télécommunications (on parle de téléinfomatique), mais dans la pratique on est encore dans l'ère pré-Internet : à la fin des années 1970, on travaille sur des réseaux point à point et on utilise le modèle rigide du vidéotex. En 1979, une étape importante est franchie avec le lancement du réseau Transpac. La grande révolution des réseaux se fera dans les années 1980.
Cette période voit aussi le développement des sociétés de service et de conseil en informatique et le début de l'informatisation de l'administration. Si l'informatique de gestion reste le domaine majeur, on doit noter l'essor de l'informatique industrielle qui trouve de multiples champs d'application.
Si l'usage de l'informatique est encore très largement une affaire de professionnels, son impact sur la société se fait déjà sentir. D'abord par l'évolution des métiers ; ensuite par la prise de conscience des menaces sur la vie privée, qui aboutira en 1978 à la loi "informatique et libertés". Cette même année 1978, le rapport Nora-Minc sur l'informatisation de la société sera largement diffusé et commenté.
En France, cette période est aussi celle du plan calcul, destiné à rattraper le retard en matière d'ordinateurs de moyenne puissance pour la gestion. Mais cette tentative de pilotage par l'État se soldera globalement par un échec. On en retiendra néanmoins la création de l'IRIA, devenu INRIA, aujourd'hui acteur majeur de la recherche en informatique, qui faillit d'ailleurs disparaître à la fin des années 1970.
Comment cette période est-elle vécue à Grenoble ?
On constate une explosion de la demande de services informatiques, qu'il s'agisse de prestations "classiques" en calcul scientifique ou en informatique de gestion, ou de services plus spécialisés comme l'informatique industrielle (commande de procédés, instrumentation). Face à cette demande, on trouve une offre très complète : les SSII, à l'image de SoGETI, multiplient leurs implantations ; les services "sur mesure" tels que les réseaux spécialisés pour l'industrie, l'analyse et la synthèse d'images, la robotique, sont fournies par de nouvelles entreprises, notamment celles implantées sur la ZIRST, qui occupent ces marchés de niches.
Dans les années 1970 arrivent les bases de données, d'abord sur les modèles hiérarchique ou réseau, à l'image de Socrate. L'accès à ces bases de données va se faire par des réseaux point à point, en mode transactionnel, ce qui signera la fin progressive de l'usage des cartes perforées et des ateliers dédiés à ce mode d'exploitation. Ces techniques accompagnent la montée de l'informatisation du tertiaire (assurances, banques, etc.). Les bases de données relationnelles apparaissent à la fin de la période.
La recherche connaît une croissance rapide, et maintient un contact étroit avec l'industrie. Les contingences politiques et économiques, et la rapidité même de la croissance, causeront néanmoins quelques perturbations.
L'explosion de la demande se répercute aussi sur la formation : de nouvelles filières sont créées pour répondre aux besoins. Beaucoup de petites entreprises qui s'équipent en matériel informatique doivent trouver les compétences pour l'exploiter ; ce "service informatique" se réduit souvent à une personne.