L’informatique à Grenoble

Développement de l'industrie


Les années 1965-1980 voient d'importants changements dans l'industrie informatique à Grenoble : développements nombreux, mais aussi fortes perturbations.

La compétence acquise par la société Mors dans le domaine des calculateurs industriels va être transférée à la Télémécanique, qui développera avec succès une gamme de calculateurs. L'intervention de l'État, dans le cadre  du plan calcul, conduira à une série de fusions et acquisitions, sans bénéfice évident : création de la SEMS, de CII-Honeywell Bull, réintégration de la SEMS dans ce qui deviendra le groupe Bull. À partir de là, aucun ordinateur ne sera plus conçu à Grenoble.

Ces péripéties engendrent un effet secondaire sans doute imprévu : le départ d'un certain nombre d'ingénieurs, en désaccord avec les nouvelles orientations. Ceux-ci seront à l'origine de la création de nombreuses "start-ups", qui seront les premiers occupants de la ZIRST, parc d'activités de haute technologie créé à Meylan (banlieue de Grenoble) avec le concours actif des collectivités locales.

Un événement important est l'implantation à Eybens (banlieue de Grenoble), en 1971, de la société Hewlett-Packard, qui développera également plus tard des activités à L'Île d'Abeau (Isère).


Cette période marque également le début des sociétés de service. À Grenoble, la SoGETI, créée en 1967 par des transfuges de la direction commerciale de Bull, va devenir, après croissance interne et acquisitions, un des grands groupes mondiaux du domaine. Une autre création vient d'une entreprise utilisatrice de l'informatique, la Sogreah, dont le département informatique se détachera en 1968 pour créer la société 3I (Institut International d'Informatique). Celle-ci sera rapidement rachetée (en 1971) par la CGE (Compagnie Générale d’Électricité, futur Alcatel) pour former la GSI (Générale de Services Informatiques) spécialisée dans l'infogérance (externalisation de services informatiques) et basée à Paris. La GSI sera elle-même plus tard reprise par le groupe américain ADP.


Sur le front des semi-conducteurs, le service électronique du CENG, qui a acquis une grande compétence dans la conception de circuits intégrés, devient un département autonome au sein du CEA, le LETI (Laboratoire d'Électronique et de Technologie de l'Information). Le LETI sera désormais un acteur majeur dans l'industrie des semi-conducteurs et plus tard des micro- et nano-technologies. En 1972, il crée une entreprise destinée à valoriser ses résultats, EFCIS (Étude et Fabrication de Circuits Intégrés Spéciaux). Parallèlement, sous l'égide de Thomson, est créée la SESCOSEM (fusion de SESCO et COSEM). Le CNET, enfin, décide de développer sa propre filière de circuits intégrés et crée à cet effet en 1979, sur la ZIRST de Meylan, le centre Norbert Ségard.

Il faudra attendre la décennie suivante pour que tous ces efforts convergent vers l'émergence d'un grand acteur de l'industrie des semi-conducteurs.

Tous ces développements sont détaillés dans les pages qui suivent.