L’informatique à Grenoble

L'industrie des semi-conducteurs


Les années 1965-1980 sont une période agitée en France, et spécialement à Grenoble, pour l'industrie naissante des semi-conducteurs. Plusieurs entreprises de taille sous-critique tentent de trouver leur place sur un marché difficile dominé par les sociétés américaines, dans un domaine technique en rapide évolution. Au fil des années, des interventions de l'État et des programmes européens, et des fusions et absorptions, des alliances se créent avec les entreprises américaines. La situation ne se clarifiera qu'à la fin des années 1980, avec l'émergence d'une entreprise initialement européenne, SGS Thomson, qui deviendra dans les années 1990, sous le nom de STMicroelectronics, un des acteurs mondiaux du domaine.


En 1965, deux pôles de développement de circuits intégrés existent à Grenoble : COSEM, filiale de CSF, et le laboratoire d'électronique du CENG, qui deviendra en 1967 le LETI (Laboratoire d'électronique et de technologie de l'information). Parallèlement, Thomson-Brandt a créé en 1962 une filiale, la SESCO (Société européenne de semi-conducteurs) dont l'usine de production est à Aix-en-Provence.

Site SESCOSEM Saint-Égrève En 1967, le groupe électronique de Thomson-Brandt fusionne avec CSF. La nouvelle société devient Thomson CSF en 1968. En 1969, ses activités en semi-conducteurs (SESCO et COSEM) sont regroupées dans une filiale, la SESCOSEM, dont les usines sont à Aix-en-Provence et Saint-Égrève (photo ci-contre).

En 1972, le LETI crée une filiale industrielle pour valoriser ses recherches en semi-conducteurs, EFCIS (Études et fabrication de circuits intégrés spéciaux), dont le capital initial provient du CEA. Thomson entre en 1976 dans le capital d’EFCIS (il y deviendra majoritaire en 1982).

Malgré des accords de licence avec des sociétés américaines (EFCIS avec Motorola, SESCOSEM avec Texas Instruments), ces entreprises n'ont pas la taille et la capacité d'investissement suffisantes pour s'imposer sur le marché, et le retard de la France dans un domaine devenu stratégique ne fait que s'accentuer. Le "plan composants", lancé en 1977, vise à y remédier. Il aura deux effets notables :

  • l'arrivée d'un nouvel acteur, le CNET (Centre National d'Études des Télécommunications) qui essaiera de développer son propre programme dans son centre Norbert Ségard créé en 1979 dans la ZIRST de Meylan, près de Grenoble. Il faudra alors créer des structures de concertation pour unifier les efforts. La première de ces structures, le GCIS (Groupement Circuits Intégrés au Silicium) associe le CEA, le CNRS et le CNET pour harmoniser les politiques de recherche.
  • la création de nouvelles unités franco-américaines. Ainsi, Saint-Gobain s'associe à National Semiconductors sur le site de Rousset, près d’Aix-en-Provence, (qui reviendra à Thomson après le retrait de Saint-Gobain en 1982), et Matra avec Harris à Nantes.

La formation aux techniques des circuits intégrés commence à se développer, mais elle nécessite des moyens lourds. L'étape significative (création à Grenoble du Centre interuniversitaire de microélectronique, le CIME) n'adviendra qu’en 1981.

Voir les développements ultérieurs (1980-1995).